Congrès 2018 : Intervention de Frédéric Boccara au CN des 13 et 14 octobre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Congrès 2018 : Intervention de Frédéric Boccara au CN des 13 et 14 octobre

LE MANIFESTE APPARTIENT À TOUS LES COMMUNISTES

1- CE QU'EXPRIME LE VOTE DES COMMUNISTES

Les communistes ont voté majoritairement pour un texte qui dit des choses et devient notre base commune à toutes et tous, le «Manifeste » et ils n’ont pas choisi un texte qui cherchait à en dire le moins possible, celui présenté au nom du CN. Ils ont été peu nombreux à voter pour les deux autres textes qui disent d’autres choses.

On ne peut pas se permettre d’évacuer l’expression des communistes. Elle est politique. Les communistes ont particulièrement exprimé la volonté de faire le bilan de l’effacement, du rôle de nos décisions et de notre orientation politique dans cet effacement. Ils ont exprimé le besoin de changement dans le PCF et de sa réorientation politique vers un nouveau « cap ».

Des débats vont continuer. C’est aux communistes qu’ils appartiennent. Nos statuts sont clairs sur ce point. Le texte va être largement enrichi, amendé par les conférences de section, fédérales et par le congrès national. Il est d’ailleurs volontairement court. Mais ce n’est pas au rapport fait ici par Pierre au CN d’indiquer comment les communistes doivent l’amender et doivent en discuter, voire de chercher à dénaturer le texte ou leur vote.

Il y a eu une dynamique en faveur du Manifeste, et elle va se poursuivre, élargissant le rassemblement des communistes. Ce rassemblement va bien au-delà des communistes qui ont voté le Manifeste, nombre d’entre eux ayant voté le texte proposé par le CN sortant tout en partageant les idées forces du Manifeste.

2- STRATEGIE : LES IDEES ET PROPOSITIONS COMMUNISTES POUR AIDER AU RASSEMBLEMENT

A propos du sujet important de « l’effacement » du PCF. Ce n’est évidemment pas qu’une affaire de volonté. Mais il y a un débat politique de conception. Opposer systématiquement le « rassemblement » à la mise en avant de nos propositions et idées communistes, c’est une conception qui conduit à l’effacement du parti communiste. Le « Manifeste » soutient que mettre en avant nos idées et propositions va permettre de construire des rassemblements, et des rassemblements opérants. Le rapport de Pierre Laurent dit au contraire qu’il y a un curseur entre rassemblement et « initiative communistes » et oppose les deux. Ce n’est pas l’esprit du Manifeste.

Ce n’est certes pas facile de combiner ces deux aspects. Mais c’est absolument nécessaire, pour les luttes et des transformations politiques. Choisir cette conception, permet à mon sens d’engager une réorientation, ambitieuse pour le PCF comme pour notre pays et l’Europe, face aux défis considérables de toutes les crises conjuguées. Mais bien sûr tout reste à faire ensuite.

3- NOTRE RESPONSABILITE DE DIRECTION

Dans ce contexte, notre responsabilité, en tant que membres de la direction sortante du PCF est de ne pas attiser les braises de division possible à partir des différences réelles, mais évolutives, entre camarades.

En insistant « il n’y a pas de majorité », « le vote est très partagé », ce n’est pas ce qui est fait. Et je regrette cette posture. Elle n’est pas responsable. Il s’agit au contraire de développer le commun, à partir du texte choisi par les communistes. Enrichir, ajouter, débattre, expliciter certains points, au lieu de monter en épingle certains formules sorties de leur contexte, et améliorer ainsi le texte qui est notre base commune à toutes et tous.

Les communistes nous regardent et n’apprécieraient pas un quelconque raidissement ou volonté de revanche. Ceci sachant bien sûr sur le congrès ne pourra pas tout traiter et résoudre là. Un travail de réorientation est majoritairement souhaité par les communistes. Il reste du pain sur la planche.

Enrichir et non dénaturer le texte, et ne pas entrer dans je ne sais quelle « synthèse » de sommet dont certains pourraient avoir la tentation. Les communistes ne doivent pas se faire voler leur débat d’orientation.

D’ailleurs, les 6 parties du texte de notre base commune à toutes et tous, le Manifeste, indiquées dans le sommaire (qui a incompréhensiblement sauté !), montrent clairement les questions.

4- LE MOMENT POLITIQUE ACTUEL

Le moment dans le parti est le suivant. Un cap a été choisi, avec une colonne vertébrale. Il s’agit de poursuivre vers des choix clairs sur les questions essentielles. L’avenir et la novation se développent toujours à partir de racines dans le présent et le passé, d’analyses fondamentales dont il faut peut-être cesser de répéter, à l’instar de nos adversaires, qu’elles seraient passéistes ou identitaires. Voyons le potentiel de novation sans nous dénaturer et portons-le sans renoncement.

Car il faut voir aussi le moment politique dans la société : des attaques terribles de remodelage anti-social face auxquelles le besoin de sens et de propositions précises se fait jour comme jamais, tout autant que celui d’une perspective politique. Répondre à ce besoin peut construire une perspective politique en mettant en son cœur les questions de l’argent, des pouvoirs sur son utilisation et de la logique du capital, avec des institutions précises.

L’urgence écologique est de mieux en mieux perçue mais demande à être très profondément politisée et intimement reliée au besoin de révolution sociale et économique. Et enfin la crise financière qui vient surplombe tout, et va faire très mal à une société déjà très endolorie, affaiblie, individualisée et délitée.

Par-dessus cela, la crise politique du « macronisme » ouverte depuis juillet, est un élément nouveau qui renforce le potentiel pour avancer nos idées. Faire le bilan des opportunités que nous n’avons pas su réellement saisir avec la crise de 2008, des choix faits, en en voyant les différents aspects, doit nous aider à prendre cette fois-ci la mesure de ce qu’il faut faire et décider.

5- QUELLES DECISIONS DU CN POUR LE PROCESSUS DE CONGRES ?

Les communistes seront attentifs à ce que nous déciderons dans ce CN. Il serait logique de faire bouger les commissions de préparation du congrès. La commission du texte, bien évidemment, dont le texte n’a pas rencontré l’assentiment de 62% des communistes qui se sont exprimés. Nous proposons 6 noms à parité. Je demande aussi à ce que son animation soit revue.

De même, il serait logique d’adapter la commission des candidatures, dont la liste de la délégation des 20 membres du CN a été adoptée ici en partant de l’idée que la base commune proposée par le CN sortant serait adoptée.

Pas de représentation proportionnelle chez nous, qui ouvrirait la voie aux tendances, mais tenir compte de ce qu’expriment les communistes et les textes et de leurs sensibilité pour élargir la commission des candidatures. Le travail sur les candidatures est loin d’être une question de personnes uniquement, c’est évidemment une question politique.

Un exemple, le Manifeste, et le vote en sa faveur, est fortement porteur d’une relance nouvelle de notre activité dans les entreprises et services publics, et de la politisation de celle-ci. Cela va demander beaucoup de réflexion, beaucoup d’efforts, etc. Cela doit avoir des conséquences sur la composition de nos directions. Or, les préconisations présentées par la commission actuelle des candidatures abordent très peu cette question. Elle ne peut être « déléguée » à un ou deux camarades « ressource ». C’est une raison de plus pour élargir et revoir la composition de cette condition, tout en respectant profondément la lettre et l’esprit de notre fonctionnement et de nos statuts.

Publié dans Congrès extra 2018

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