Macron a un problème : il écoute mais n'entend pas...

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Macron a un problème : il écoute mais n'entend pas...

Les sondages réalisé aussitôt après l'intervention du chef de l'Etat sont sans ambiguïté, plus de 75% des sondés considèrent qu'il ne répond pas aux questions posées par le mouvement social en cours, qu'il a modifié son discours mais n'a pas bougé d'un pouce sur le contenu.

Au lieu de calmer les esprits, E. Macron a avivé les tensions et creusé un peu plus le fossé qui le sépare de l'ensemble des citoyens qui porte l'exigence forte d'une revalorisation immédiate de leur pouvoir d'achat mis à mal avec la politique d'austérité et la pression fiscale injuste.

Le sentiment général et l'essentiel des critiques font Etat d'un chef de l'Etat en grande difficulté, qui change de discours pour tenter d'atténuer les colères, mais qui ne veut rien changer à sa politique. Il écoute et comprend mais n'entend pas ou rien : un vrai sourd !

Nous vous livrons quelques extraits de ce qu'a dit Emmanuel Macron et quelques réactions.

« Ceux qui disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts (…) ont raison », a affirmé Macron ... si « nous devons entendre les protestations d’alarme sociale », ce sera « sans renoncer à nos responsabilités », car « il y a aussi une alarme environnementale », a t-il toutefois réaffirmé.

Nombre de citoyens ne voient pas le rapport entre les deux, c'est une nouvelle manière de ne pas répondre à l'urgence sociale en la mélangeant aux questions environnementales. Pour une très large majorité des gens il y a un problème immédiat de pouvoir d'achat qui appelle de suite une revalorisation du SMIC, des salaires et des retraites. Cette exigence se combine étroitement au sentiment d'injustice fiscale. Ces deux questions sont au coeur du mouvement social actuel.

Pas un mot de Macron sur ces deux grandes questions ni sur les salaires ni sur la fiscalité injuste favorable aux ultra riches et aux entreprises qui vont percevoir en 2019 près de 40 milliards de CICE ! De tels cadeaux font des trous dans le budget, il faut alors prélever toujours sur les mêmes pour les boucher, les salariés, les retraités, les citoyens, avec des les dégâts considérables qu'on imagine chez les plus pauvres provoquant une colère légitime qu'expriment actuellement les luttes sociales dans les entreprises, les syndicats et le mouvement des gilets jaunes.

Que propose l’Elysée pour calmer ce mécontentement social qui dure depuis plus d'un an avec la résistance à la casse du code du travail, celle à la casse du service public ferroviaire, celle des retraités injustement frappés au porte monnaie par la CSG et maintenant celle les gilets jaunes dont la colère a explosée avec les hausses prévues sur les carburants ? Rien de rien !

Il n'a fait aucune annonce concrète, si ce n’est la création d’un mécanisme de révision de la fiscalité sur les carburants en cas de hausse des cours du pétrole. Comme si le marché devait rythmer notre vie !

Il a surtout axé son discours sur « un changement de méthode », promettant « une grande concertation de terrain » durant trois mois. Le but ? Que « les acteurs économiques, sociaux, toutes les associations » y compris « les manifestants des gilets jaunes » fassent émerger des « solutions et méthodes d’accompagnement » dans la transition écologique.

Pourtant ces solutions dont il ne veut pas parler, elles existent bel et bien, il suffit de lire attentivement ce qu'écrivent les syndicats, nombre de partis politiques en particulier le parti communiste mais aussi France Insoumise, et les gilets jaunes eux-mêmes.

Cette approche de la part de l’exécutif ne pouvait donc pas convaincre. Elle apparait aux yeux du plus grand nombre comme des manoeuvres face au mouvement social qui visent à le laisser pourrir espérant que l'inorganisation des gilets jaunes découragera rapidement les acteurs.

Interrogé par Le Monde, Mathieu Blavier, 22 ans, désigné parmi les huit référents nationaux du mouvement des « gilets jaunes » est sévère et très déterminé :

« Le président a fait passer un message de paix sociale, en faisant la différence entre nous et les casseurs, en disant qu’il a entendu la colère des “gilets jaunes”. C’est bien. » Mais « ce n’est pas assez », pour l’étudiant en droit et fondateur d’une micro-entreprise dans les Bouches-du-Rhône :

« Maintenant, il faudrait surtout qu’il nous écoute et qu’il accepte de nous rencontrer. Il parle de changer de méthode, mais il arrive encore avec un plan tout ficelé et dit “j’ai compris où vous voulez aller, mais on va faire comme je le veux. Il n’est toujours pas sur la bonne voie et nous, on ne va rien lâcher. »

« C’est un appel à l’aide »

De son côté, Isabelle, 42 ans, aide-soignante dans le Val-d’Oise qui était venue manifester samedi, juge que :

M. Macron « est complètement déconnecté de la réalité, il n’a pas l’air de se rendre compte de ce qui est en train de se passer en France, que c’est du jamais-vu. »

« Les gens qui sont dans la rue là, ce sont des gens qui se lèvent tous les matins pour aller travailler, qui ne sont pas des fainéants ni des assistés, qui payent leurs impôts et qui, malgré ça, n’arrivent plus à vivre. Il ne propose aucune mesure immédiate pour redonner du pouvoir d’achat à ces gens-là. »

Cette aide-soignante qui n’avait jamais manifesté auparavant, entend bien continuer à défiler, même si c’est « pas pour le plaisir, c’est un appel à l’aide, un appel à être compris, pris en compte ! »

Un son de cloche partagé par Valérie, 50 ans, auxiliaire de vie à Senlis (Oise) qui manifestait samedi à Paris avec son fils et son mari. Elle estime que :

« la colère monte » « Il y a un nouveau rendez-vous samedi à Paris et Macron ne fait aucune annonce sur le pouvoir d’achat et sur les difficultés des Français, c’est incompréhensible ! Un mépris total ! »

Si Valérie salue l’annonce que des « gilets jaunes » seront reçus mardi par le ministre de l’écologie, François de Rugy, elle se dit « pessimiste » sur l’issue de cette réunion, dont on ignore encore les modalités exactes.

« Le mouvement va se durcir »

« Macron garde le cap, nous aussi », clamaient mardi en Bretagne une cinquantaine de « gilets jaunes », installés dans leur nouveau « quartier général », sur un rond-point de Trégueux (Côtes-d’Armor).

« Ce qu’il raconte, c’est de la poudre de perlimpinpin ! On ne va pas changer de cap, certainement pas, ici on voit de la misère tous les jours », expliquait à l’Agence France-Presse Bruno Herry, 52 ans, employé de pompes funèbres.

Lui et ses compagnons de barricades espèrent bien « continuer le combat, jusqu’à ce que le président cède ».

Il y aura donc du monde samedi à Paris : une grande manifestation syndicale organisée par la CGT pour les salaires, l'emploi, les retraites, les étudiants qui se mobilisent contre la hausse scandaleuse des droits d'inscription aux université et les Gilets jaunes.

Le gouvernement doit prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité des manifestants notamment en filtrant les casseurs pour les empêcher de nuire. Espérons que les organisateurs de ces manifestations sauront les faire converger en un même défilé qui par sa puissance amènera Macron et le gouvernement à entendre et à décider quatre choses immédiates et urgentes :

1) Annuler immédiatement l'augmentation des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier 2019;

2) L'augmentation immédiate de tous les salaires dans le privé comme dans le public, à commencer par le SMIC et les pensions de retraite;

3) Une réforme fiscale d'ampleur afin de corriger les inégalités et injustices fiscales et de mobiliser les services de l'Etat contrte l'évasion fiscale;

4) l'Utilisation du CICE (40 milliards) pour financer la transition énergétique en ciblant en priorité les transports en commun et les logements.

Publié dans Luttes sociales

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article