Désarroi et colère des hospitaliers lyonnais après le décès de leur collègue, Louhnisse Gana

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Désarroi et colère des hospitaliers lyonnais après le décès de leur collègue, Louhnisse Gana

Louhnisse Gana, aide-soignant à l’hôpital Édouard-Herriot, est décédé du Covid-19 mercredi 23 décembre. Ses collègues pointent les dysfonctionnements dans la gestion de l’épidémie et la protection du personnel.

Lundi, quelques jours avant son inhumation, une quinzaine de personnes ont rendu hommage à Louhnisse Gana, ainsi qu’à tous les soignants morts du Covid-19.

Dans le froid et la pluie, des gilets jaunes avec les personnels des Hospices civils de Lyon ont accroché leur banderole à l’entrée de l’hôpital Édouard-Herriot. « À la mémoire de Louhnisse, qui a perdu sa vie pour sauver les nôtres. »

Aide-soignant depuis plus de quarante ans, cet agent proche de la retraite avait alerté sur des dysfonctionnements entourant sa contamination.

« Il n’avait pas été averti qu’une patiente qu’il a prise en charge était contaminée par le Covid-19, précise une représentante de la CGT santé. Il ne portait donc pas de masque FFP2 quand il s’en est occupé et c’est comme ça qu’il a été infecté. »

En effet, seules les personnes apportant des soins spécifiques aux patients touchés par le Covid-19 portent ces masques plus protecteurs. Tous les autres agents se contentent de modèles chirurgicaux. Le problème, c’est que les résultats des dépistages, effectués systématiquement lors d’une hospitalisation, ne sont pas disponibles immédiatement. Les personnels vulnérables, même s’ils ne travaillent pas dans les services Covid, peuvent donc être amenés à réaliser des soins sur des personnes atteintes par le virus sans le savoir et sans pouvoir s’en protéger.

Chaïbia Janssen souligne que les représentants du personnel ont tiré le signal d’alarme à de nombreuses reprises depuis le début de la pandémie. « Au-delà de ce décès dramatique, on se mobilise pour qu’il n’y en ait aucun autre », souffle cette infirmière en gériatrie. Pour elle, la direction a une part de responsabilité dans la situation et doit mieux protéger ses agents. « Les personnels de nuit sont particulièrement exposés depuis la suppression de leur prime en 2011. Il n’y a pas assez d’effectifs et il n’y a même pas la possibilité de faire de sieste. »

« Les couloirs des services de réanimation ne sont pas toujours nettoyés »

Pour les agents hospitaliers les équipements et les protocoles ne sont pas à la hauteur de la crise sanitaire. Le nettoyage des « locaux » est « une catastrophe », selon Chaïbia Janssen. « Les couloirs des services de réanimation ne sont pas toujours nettoyés, les poignées de porte non plus. »

Cette défaillance dans le nettoyage est la conséquence de la sous-traitance qu’opère l’entreprise GSF depuis 2013 au sein des hôpitaux publics lyonnais. Les nombreuses alertes lancées depuis le début de la pandémie et les demandes de protocoles de la part des élus du personnel n’ont pas poussé la direction à agir.

Derrière les portes de la blanchisserie, la situation n’est guère plus rose. « Les soignants doivent ramener leur blouse chez eux et la laver s’ils en veulent une propre ». Ce manque de protection, qui s’ajoute à une surcharge de travail liée au manque d’effectifs, épuise les personnels hospitaliers.

Chaïbia Janssen rappelle qu’une personne fatiguée est plus sensible, donc plus susceptible de développer une maladie virale.

Rosa Aouadit, aide-soignante au service d’urgences de l’hôpital Édouard-Herriot qui a été infectée par le Covid-19 en octobre, ne cache pas sa colère, après avoir rendu hommage à son collègue décédé.

Alors qu’elle avait probablement été contaminée sur son lieu de travail, elle s’est sentie délaissée par sa direction. La jeune femme n'a pu rencontrer de médecin du travail et d’avoir dû insister pour bénéficier d’un arrêt de travail de sept jours. « On n’a aucun soutien psychologique », déplore Rosa, qui a également porté la culpabilité d’avoir infecté ses proches. 

Sources l'Humanité

Publié dans santé, Métropole de Lyon

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article