Le président mexicain propose aux pays latino-américains de s’émanciper de Washington

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Le président mexicain propose aux pays latino-américains de s’émanciper de Washington

La volonté d’« AMLO » de remplacer l’Organisation des Etats américains par un organisme « vraiment autonome » des Etats-Unis rebattrait les cartes de la géopolitique du continent.

Les jours de l’Organisation des Etats américains (OEA) sont-ils comptés ? La question devait être au cœur des débats lors du sommet de la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (Celac), prévu samedi 18 septembre à Mexico.

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), propose de remplacer l’OEA par un organisme « vraiment autonome » de Washington.

L’initiative émancipatrice rebattrait les cartes de la géopolitique du continent. Mais elle semble hasardeuse et risquée pour le Mexique, très dépendant de son puissant voisin américain. Encore prendre la mesure de cette dépendance et ce qu'elle contient en termes économique, monétaire, militaire et politique. Les choses doivent être mises à plat avant de passer à la critique d'AMLO

L’arrivée, à Mexico, du président vénézuelien, Nicolas Maduro, a créé la surprise. « AMLO » avait accueilli, la veille, en grande pompe le président cubain, Miguel Diaz-Canel, invité d’honneur des festivités patriotiques mexicaines du 16 septembre, une première.

L’occasion pour « AMLO » d’appeler son homologue américain, Joe Biden, à « lever l’embargo contre Cuba, car aucun Etat n’a le droit de soumettre un autre pays ». Le président mexicain  demande la création d’un nouvel organisme régional qui ne soit « le laquais de personne ».

Son offensive diplomatique désavoue l’OEA, dont le siège est à Washington, au nom de « la défense de la souveraineté des nations et de l’équité entre elles » face à l’interventionnisme américain.

Les propos d'AMLO devrait intéresser d'autres pays qui subissent aujourd'hui la domination américaine. C'est notamment le cas de l'Europe qui avant de critiquer le président mexicain devrait s'interroger elle-même sur ses liens avec les Etats-Unis.

Depuis la libération, les Etats-Unis n'ont cessé d'essayer de tuer dans l'œuf les rares velléités européennes d'indépendance stratégique, militaire, spatiale, économique puis numérique. Aidés par les atlantistes aussi bien à droite que parmi la social-démocratie, la vassalisation de l'Europe est le problème dans notre relation avec les Etats-Unis.

Poussant leurs pions, les Etats-Unis essaient désormais de nous embarquer dans une guerre économique à tout va contre la Chine dans laquelle nous n'avons absolument rien à gagner.

Au fond, tant aux USA qu'en Europe et dans le reste du monde occidentale, il s'agit de faire face à la domination des multinationales qui pilotent le capitalisme mondialisé et financiarisé. Certaines dominent les Etats et ont même un pouvoir supérieur à certains d'entre-eux. Ce capitalisme est contesté par les peuples, c'est pourquoi il a besoin d'un gendarme du monde avec un chef de file qui domine la vie économique et monétaire avec le dollar et dispose pour mettre au pas les récalcitrants d'une puissance militaire organisée avec l'OTAN.

Malgré les ingérences américaines et les scandales à répétition (Extraterritorialité du droit US, Cloud Act, espionnage massif via PRISM, retrait d'Afghanistan, Nord Stream 2, Health Data Hub, sous-marins australiens,...),les intérêts divergents des pays européens, entretenus de manières bilatérales par Washington, ont empêché et empêcheront demain une réaction forte concertée de l'Union Européenne à 27.

Qu'ils soient démocrates ou républicains, les américains défendent d'abord leurs intérêts, divisent pour régner. C'est ce qu'attendent de leur gouvernement les américains et ce que nous devrions attendre de notre propre gouvernement de défendre nos propres intérêts et ceux de tous les humains de la planète. Arrêtons d'être surpris et de nous plaindre de cette domination de notre "plus vieil allié". Il ne changera pas. C'est donc à nous de prendre le problème à bras le corps.

Dans ce contexte, nous n'avons d'autre choix que de repenser l'Europe avec pour vision son indépendance stratégique émancipée de Washington. La France doit montrer la voie avec trois axes forts: d'une part sortir de l'OTAN et exiger sa dissolution, d'autre part créer une nouvelle monnaie mondiale pour s'émanciper du dollar dans tous les échanges internationaux, enfin exiger des USA le respect du libre choix des peuples à décider de leur système économique et social en particulier pour Cuba, le Venezuela et La Palestine.

Au fond AMLO vient de montrer la voie, à nous de nous en saisir et de commencer à construire un autre monde de paix, de libertés fait pour les humains et la planète.



 

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