Il y a une certaine satisfaction. C'est le cas de Bruno, opérateur de 58 ans dans les usines de la branche Steam Power (nucléaire) qui produit les fameuses turbines Arabelle, qui se réjouit de passer bientôt sous l’étendard d’EDF. « Un Etat qui ne maîtrise pas sa production d’énergie, pour moi ce n’est pas un Etat », estime-t-il. « C’est comme au Monopoly : il vous faut les gares, l’électricité, l’eau… et l’avenue de Matignon. Sans ça, vous ne gagnez pas ». Il fait aussi le bilan des années passées dans le groupe américain. « On n’aurait jamais dû être vendu, même si à l’époque c’était mal géré », peste-t-il.
Robert, 53 ans, dit : « En quatre ou cinq ans, le savoir-faire est parti ». « Il n’y a eu aucune politique de formation, et beaucoup de gens sont partis. Et pourtant quand vous avez une pièce de 300 tonnes, que vous la mettez en usinage au centième de millimètre, ça ne s’apprend pas du jour au lendemain ».
Depuis 2015, Steam Power a connu deux plans de réductions d'emplois : 30% des salariés ne sont plus là. « Il était temps qu’on sorte du groupe General Electric, mais j’ai une pensée pour tous les collègues des autres entités, qui eux vont encore rester sous l’ouragan », s’inquiète Laurent Humbert de la CGC, ingénieur. Il s’interroge sur le périmètre du rachat. « Sur 2.300 personnes (chez Steam Power), on a un doute sur le devenir d’environ 300 salariés ».