Macron à Belfort, les salariés de GE n'oublieront pas de lui rappeler ses responsabilités et leurs exigences

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Macron à Belfort, les salariés de GE n'oublieront pas de lui rappeler ses responsabilités et leurs exigences

A Belfort, salariés et syndicats se montrent prudemment satisfaits du prochain rachat des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF, que le candidat Macron viendra célébrer jeudi, sept ans après avoir donné son feu vert au bradage des activités d'Alstom au groupe américain.

Il y a une certaine satisfaction. C'est le cas de Bruno, opérateur de 58 ans dans les usines de la branche Steam Power (nucléaire) qui produit les fameuses turbines Arabelle, qui se réjouit de passer bientôt sous l’étendard d’EDF. « Un Etat qui ne maîtrise pas sa production d’énergie, pour moi ce n’est pas un Etat », estime-t-il. « C’est comme au Monopoly : il vous faut les gares, l’électricité, l’eau… et l’avenue de Matignon. Sans ça, vous ne gagnez pas ». Il fait aussi le bilan des années passées dans le groupe américain. « On n’aurait jamais dû être vendu, même si à l’époque c’était mal géré », peste-t-il.

Robert, 53 ans, dit : « En quatre ou cinq ans, le savoir-faire est parti ». « Il n’y a eu aucune politique de formation, et beaucoup de gens sont partis. Et pourtant quand vous avez une pièce de 300 tonnes, que vous la mettez en usinage au centième de millimètre, ça ne s’apprend pas du jour au lendemain ».

Depuis 2015, Steam Power a connu deux plans de réductions d'emplois : 30% des salariés ne sont plus là. « Il était temps qu’on sorte du groupe General Electric, mais j’ai une pensée pour tous les collègues des autres entités, qui eux vont encore rester sous l’ouragan », s’inquiète Laurent Humbert de la CGC, ingénieur. Il s’interroge sur le périmètre du rachat. « Sur 2.300 personnes (chez Steam Power), on a un doute sur le devenir d’environ 300 salariés ».

Sylvain, responsable d’un bureau d’étude sur les alternateurs, s’interroge sur le devenir de son activité. « Il y a une forte incertitude sur l’avenir : EDF, jusqu’ici, gérait des centrales, mais pas la fabrication des matériels, ils n’avaient pas d’usine. Pour eux, c’est un nouveau métier, ça prendra du temps », souligne-t-il. A sa table, un cadre présent sur le site depuis « un trentaine d’année » se dit « un peu blazé » de ces rachats successifs. « A chaque fois on y laisse des plumes. On manque d’une véritable politique énergétique ».

Certains expriment aussi des doutes sur l’évolution du carnet de commande : les clients de GE, concurrents d’EDF, continueront-ils à se fournir à Belfort après le rachat ? Les syndicats appellent l’Etat français à lancer lui-même un plan d’investissement dans le nucléaire, afin de pérenniser l’activité. « Il n’y a pas de planification. Le noeud du problème, c’est qu’on rachète une entreprise, mais pour en faire quoi ? », lance Laurent Santoire, délégué CGT.

Le candidat Macron, vient à Belfort jeudi, pour la 1ère fois de son quinquennat. « C’est fort de café », souligne le secrétaire du comité social et économique de l’entité turbines à gaz, qui restera américaine. Il n’a pas encore digéré la « grosse erreur de stratégie industrielle » que constitua la vente d’Alstom à GE, autorisée par Macron alors ministre de l’économie. Il espère que Macron viendra faire des annonces qui iront beaucoup plus loin que le seul rachat de Steam Power ».

Sources AFP

Publié dans Industries

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