Michel Strulovici nous dit ce qu'il pense de l'accord LFI/PCF

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Michel Strulovici nous dit ce qu'il pense de l'accord LFI/PCF
J'ai un aveu à faire : je ne fus jamais bon en maths. Mais je m'efforce d'être meilleur en Logique et j'ai l'occasion d'exercer cette discipline depuis quelques jours. Ainsi les « largesses » consenties par Manuel Bompard (mathématicien de métier) dans la distribution des circonscriptions m'interpellent, comme on dit.
 
Le problème ressemble à s'y méprendre à celui, célébrissime de la baignoire qui se vide et se remplit. En même temps (dirait l'autre). En effet , si l'on se réfère, comme me le brandissent les Insoumis, aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle, le PCF qui, en pourcentage, a devancé le PS, devrait avoir plus de candidats présentés par cette « agrégation de gauche ». Il n'en est rien !
 
Il y a donc un blême quelque part , comme on dit aujourd'hui. Les militants insoumis et le mathématicien Bompard auraient-ils oubliés des données dans leurs explications de texte ?
 
Par exemple, celle du nombre de députés sortants, fait-elle partie des éléments à prendre en compte ? Et/ ou l'enracinement local et historique ? Et/ou le nombre d'élus, de maires, de conseillers régionaux ? Et/ou tout cela à la fois ?
 
Dans ces cas de figure, il devient incompréhensible que les candidats du PCF en passe d'être élus soient si peu nombreux à obtenir l'investiture papale. Au risque de me répéter (mais la répétition est une des vertus de l'enseignement) soit l'on ne considère que les résultats de la présidentielle et dans ce cas le nombre de postulants PC devrait être supérieur aux postulants socialistes. Ce qui n'est pas. Soit cela implique un choix basé sur d'autres éléments. Et il devrait y avoir plus de candidats communistes présents dans des circonscriptions gagnables. Ce qui n'est pas.
 
De fait, la donnée cachée qui résout le problème est politique. Il s'agit pour les Insoumis, dans cette situation de déséquilibre, de replonger le PCF autant que faire se peut, dans un coma prolongé sinon fatal. Dans toute sa crudité, j'espère que tous les tenants du « vote utile » comprennent enfin ce que signifie leur choix : l'hégémonie politique mélenchonienne. Merci, merci encore à eux , répète-t-on dans tous les confessionnaux insoumis, mezzo voce.
 
Ainsi et notamment, grâce à eux, monsieur Mélenchon peut se permettre de ne pas prendre en compte l'histoire, le poids réel, l'implantation, le travail militant, le nombre d'élus de terrain des communistes, et de celui d'autres formations de gauche.
 
Je ne vais prendre qu'un exemple de ce choix d'aventure, mais qui me semble oh, combien symbolique. Celui de la circonscription de Vénissieux. La mairesse communiste, Michèle Picard, en toute logique, présentait les qualités pour être la candidate de ce « front populaire ».  (L'Humanité se voit dans l'obligation de sentir, ce matin, comme un parfum de roses « Front populaire » à l'agrégation)
 
Exit Michèle Picard car les Insoumis, forts du vote « utile » des électeurs sympathisants du parti de madame Picard ( « pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ») ont imposé monsieur Taha Bouhafs, un candidat loin, loin, loin de tout militantisme laïque, proche, proche, proche des dérives communautaristes et même, cerise sur ce gâteau rassis, condamné pour injures racistes !
 
Il s'agit là d'un choix mélenchonien exemplaire: je décide seul, comme je l'entends et j'accorde ma bénédiction selon mon bon vouloir. Et donc, je décide de parachuter un candidat qui postula précédemment dans l'Isère ! Et, du même mouvement, j'impose par ce candidat, ma conception de la laïcité , celle pleine de trous communautaristes.
 
Nous agissons ainsi dans cette circonscription avec une délectation particulière, pensent Melenchon et les populistes de gauche. Car n'est-ce pas ici qu'André Gerin, le député communiste, fut pendant des années, de ceux qui, avant beaucoup d'autres, avaient compris que la question de la sécurité ne devait pas être évacuée comme un faux problème? Et de ceux qui mirent en garde le PCF contre les dangers de la candidature Melenchon.
 
C'est ce que j'appellerai un acharnement de nuire minutieux, jusqu'au détail, que met en place le professeur de mathématiques Manuel Bompard.
 
Pour ma part, ex-membre du PCF, mais son compagnon de route, je n'aurai voulu, pour rien au monde, subir les affres des négociateurs communistes face à l'arrogance des populistes de gauche. Ceux-là mêmes, qui savent être dans l'impossibilité de remporter la majorité des sièges à l'Assemblée mais qui ont l'art de remplacer toute discussion sur la réalité de notre pays et de notre continent en guerre, par des slogans.
 
Avec une grande efficacité.
 
Michel Strulovici
 
 

Publié dans Législatives 2022, PCF

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