Macron-Biden : le prix de la vassalisation par Francis Wurtz

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Les envolées lyriques du Président américain en recevant au début du mois Emmanuel Macron  -« La température est peut-être fraîche en cette matinée lumineuse de décembre, mais nos cœurs sont chauds d’accueillir des amis si proches à la Maison Blanche »…-  et les figures de style de son homologue français  -« nous allons synchroniser nos approches et nos agendas »-  n’y ont rien changé : Emmanuel Macron est reparti bredouille, s’agissant de l’enjeu principal de sa « visite d’Etat », à savoir exempter l’UE des effets de l’Inflation Réduction Act. 

 

On le sait : une disposition de cette loi réserve aux seules productions made in USA  quelque 400 milliards de dollars d’aides et de crédits d’impôts, en particulier dans le secteur des véhicules électriques et des industries liées à la défense du climat. 

 

Force est de constater que les récriminations du Président français contre ces mesures « super agressives » qui risquent de pousser à des délocalisations depuis l’Europe vers les Etats-Unis n’ont pas ému l’ami et l’allié américain : « Je ne m’excuse pas », a même sèchement rétorqué ce dernier. Aucune remise en cause de cette législation n’est donc à attendre. Mais qui pouvait en douter?  

 

Emmanuel Macron et, plus généralement, les Européens ont-ils espéré un retour d’ascenseur de Washington pour compenser leurs achats massifs de gaz liquéfié  -qui plus est à un prix quatre fois plus élevé que ne le payent les industriels américains !-  sans parler des importations inconsidérées d’avions de chasse F-35, de blindés, de missiles et de pièces d’artillerie, au nom de la solidarité transatlantique ?

 

Le Président français a même cru  -dans l’espoir de faire fléchir le « boss » du monde occidental-  devoir invoquer « l’avantage pour les Etats-Unis » que représenterait une Europe forte…« compte tenu des priorités qu’ils ont dans l’Indo-pacifique ou à l’égard de la Chine » ! Une allusion directe à l’appel à « mobiliser les démocraties » derrière Washington dans sa croisade contre le grand rival asiatique, qu’avait lancé le Président Biden en juin 2021, lors de sa toute première visite en Europe.

 

Là encore, Emmanuel Macron a fait choux blanc. C’est que, pour la Maison Blanche, dans le funeste contexte mondial que nous subissons aujourd’hui, la « solidarité » est plus que jamais à sens unique, les « alliés » sont nécessairement alignés, chaque capitulation accroît la vassalisation.

 

Pour avoir rangé leurs velléités d’ « autonomie stratégique » ou de « souveraineté européenne » au magasin des illusions perdues, les dirigeants européens  payent désormais au prix fort leur choix de l’occidentalisme contre celui d’ un multilatéralisme conséquent. Puissent leurs déboires actuels contribuer à leur ouvrir les yeux. Ou plutôt, puisse la douloureuse expérience du désordre mondial actuel casser dans les esprits le mythe de la puissance et de ses corollaires : la hiérarchie des États et les rapports de domination. 

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