Les « polluants éternels » ou PFAS présents sur 17 000 sites en Europe ?

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Un collectif de médias européens révèle l’ampleur de la contamination aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, des produits toxiques persistants. En France, près de 1  000 sites seraient concernés.

 

Ils sont appelés les PFAS, prononcés « pifasse ». Quatre lettres qui cachent un nom bien plus compliqué : les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées. Dans une enquête parue jeudi 23 février, 18 médias européens, dont le Monde, ont cartographié pour la première fois la dissémination massive de ces « polluants éternels ». Au total, près de 17 000 sites seraient contaminés (au-delà de 10 nanogrammes par litre), dont 2 100 à des niveaux dangereux pour la santé (au-delà de 100 nanogrammes par litre).

 

Aucune partie d'Europe n'est épargnée

 

Baptisée « Forever Pollution Project », l’enquête s’appuie sur des experts, des données et des « milliers de prélèvements environnementaux » réalisés par des équipes scientifiques et des agences environnementales de 2003 à 2023, permettant ainsi de réaliser une cartographie à l’échelle européenne.

 

« Du beau Danube bleu au lac Orestiada (Grèce), de la rivière Bilina (République tchèque) au bassin du Guadalquivir (Espagne) », aucune partie de l’Europe n’est épargnée.

 

Les journalistes ont notamment localisé 20 usines de production de PFAS. Parmi ces « hotspots », c’est l’Allemagne qui occupe la tête du classement, où se trouve la majorité de la production. Elle est suivie par la France, qui compte cinq sites : les usines d’Arkema* et de Daikin*, au sud de Lyon ; celle de Chemours, à Villers-Saint-Paul (Oise) ; et les installations de Solvay à Tavaux (Jura) et à Salindres (Gard).

 

Viennent ensuite le Royaume-Uni, l’Italie, puis la Pologne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique. L’enquête a également permis d’identifier plus de 230 usines utilisatrices de PFAS, permettant ainsi de localiser « près de 21 500 sites présumés contaminés en raison d’une activité industrielle exercée actuellement ou par le passé à travers toute l’Europe », indique le Monde.

 

Une cartographie utile, selon Jacky Bonnemains, président de l’association Robin des bois, qui relève néanmoins « l’absence des sites de grands incendies où de la mousse d’extinction, qui contient des PFAS, a été utilisée », à l’instar de « l’usine Lubrizol à Rouen », détruite par le feu en septembre 2019.

 

À l’origine d’une diminution du poids des bébés à la naissance ou de l’augmentation des risques de cancers du sein « Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs », selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ces substances sont « largement utilisées depuis les années 1950 » par l’industrie.

 

Nocives pour la santé, elles seraient à l’origine d’une diminution du poids des bébés à la naissance, de l’augmentation des risques de cancers du sein, ou encore de la hausse du taux de cholestérol.

 

Ces substances sont utilisées dans de nombreux produits de la vie courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques ou encore produits phytosanitaires. Très mobiles, elles peuvent être détectées dans l’eau, l’air, la pluie, les animaux, l’alimentation, et même dans votre corps.

 

En somme, les PFAS sont partout. Mais, une fois dans l’environnement, ils ne se dégradent pas. Il devient donc très coûteux de s’en débarrasser. Devant ce constat inquiétant, les autorités sanitaires allemandes, danoises, néerlandaises, norvégiennes et suédoises ont déposé mi-janvier auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) un projet visant à bannir ces composants, appuyées par d’autres pays, dont la France qui a récemment présenté son propre « plan d’action ».

 

Un rapport sur les PFAS commandé en février 2022

 

De son côté, l’association Robin des bois a demandé au ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, la publication du rapport sur les PFAS commandé le 8 février 2022 par Barbara Pompili, alors ministre en exercice, au Conseil général de l’environnement et du développement durable (devenu Igedd). « Nous espérons pouvoir comparer les recommandations de ce rapport avec celles énoncées par le plan d’action PFAS 2023-2027 », complète Jacky Bonnemains.

 

Ce plan prévoit notamment la réduction « des risques à la source », « la surveillance des milieux » ou encore l’accélération de « la production des connaissances scientifiques ». Un plan jugé « lacunaire et pas assez énergétique » par le responsable de l’ONG.

 

* Les directions des entreprises Arkema et Daikin ont toujours nié qu'elles étaient productrices de PFAS mais seulement utilisatrices. (* Rajouté par l'administration du Blog)

 

Marion Mergault  Article publié dans l'Humanité le 28 février 2023

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article