L’expérimentation du port de l’uniforme fait polémique dans l'Allier

L'uniforme sera t-il bientôt présent dans les écoles ? C'est le souhait du ministre de l'Education nationale qui veut proposer une expérimentation dans plusieurs départements. L'Allier et la commune de Cusset se sont portés volontaires. Une décision qui ne fait pas du tout l'unanimité.

Porter l’uniforme pour aller en classe pourrait devenir le quotidien de certains élèves, dans le cadre d’une expérimentation. Le ministre Gabriel Attal explique : « Je vais annoncer très prochainement, d’ici les fêtes, une expérimentation d’ampleur, avec un certain nombre d’établissements dans des collectivités locales différentes. Elles expérimenteront l’uniforme dans notre pays à grande échelle ». 

Gabriel Attal n'en dit pas plus sur les raisons de fond de sa mesure. S'agit-il de cacher les inégalités sociales existantes qui se voient clairement chez les enfants entre ceux dont les parents peuvent payer la marque des chaussures ou des vêtements de leurs enfants et ceux dont la famille est pauvre et dont les revenus ne permettent pas de changer chaque jour les vêtements des gosses. L'uniforme servirait dans ce cas à cacher la misère et à montrer un semblant d'égalité.

Savoir si chaque gosse de notre société a droit à deux repas par jour alors que les familles pauvres ne peuvent en payer qu'un seul, est une autre histoire. Tout comme répondre aux besoins de notre Education Nationale (effectifs-salaires-effectif par classe etc) pour la mettre au niveau des formidables défis qu'elle doit relever pour former, éduquer les citoyennes et citoyens qui feront la France de demain et cela dans l'égalité garantie par un service public renforcé et démocratisé. (voir ci-dessous les propositions du PCF)

Le département de l’Allier s’est porté volontaire pour l'expérimentation. La commune de Cusset souhaite même l’expérimenter dès le primaire.

Les discussions devant les établissements scolaires vont bon train, les avis divergent. Une maman indique : « Cela m’aiderait beaucoup car, vu le nombre d’enfants, ce ne serait pas plus mal et cela ferait moins de machines à faire tout le temps. Ce serait peut-être sympa ». Un papa ajoute : « Du côté de mon enfant, je pense que cela ne sera pas très bien accepté. C’est d’un autre temps ». Un élève se livre : « On ne pourra pas vraiment se mettre comme on veut, donc on va perdre de la liberté, entre guillemets ».

Du côté des syndicats, la colère domine. Ils dénoncent le manque de concertation avec le corps enseignant. Delphine Moulinot, secrétaire départementale SE-UNSA et UNSA éducation, estime : « Beaucoup de collègues se sont sentis bafoués et ont perdu la confiance qu’ils avaient en la commune dans laquelle ils exercent. Ils n’avaient absolument pas été informés de cette volonté ». Jérôme Duboeuf, cosecrétaire Sud éducation Allier, précise : « Si on doit lutter contre les inégalités, ce n’est pas en les cachant, ce n’est pas en mettant un uniforme à des élèves, c’est plutôt en agissant sur le fond du problème. Il y a plein d’autres solutions et des orientations financières à mettre en place, autres que l’uniforme ». 

Le maire de Cusset Jean-Sébastien Laloy maire Les Républicains dégage en touche et affirme qu’il ne s’agit que d’une expérimentation. Il souligne : « C’est une expérimentation. On est favorables pour tester cette mesure. On se revoit dans deux ans pour voir si cette mesure est efficace, si elle a de véritables apports pour nos établissements scolaires ou si elle n’a rien amené de plus, et qu’elle est inutile. Dans ce cas-là, on arrêtera. Je crois qu’à ce stade, il ne faut pas être dans des clivages, il faut se dire qu’il y a une mesure. Elle est intéressante et mérite d’être expérimentée ».

Plus de 13 000 collégiens sont concernés sur le département et 900 écoliers à Cusset. Gabriel Attal devrait dévoiler son plan d’ici la fin d’année.