« Décevant », « réactionnaire » Attal hué par une grande partie de l'Assemblée ne convainc pas

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 

Le premier ministre a débuté son discours de politique générale à l’Assemblée nationale en plaidant pour « une exception agricole française » sans détailler les dispositions concrètes attendues des agriculteurs. Il est surtout revenu sur le programme néolibéral de Macron notamment la casse sociale évoquée le 16 janvier.

 

Le conditionnement du RSA à 15 heures d’activité sera généralisé d'ici le 1er janvier 2025, affirme Gabriel Attal, sous les huées des députés de l'opposition, avant de s’adresser ensuite rapidement à la classe moyenne, « le cœur battant » du pays selon lui.

 

RSA, chômage, allocation de solidarité spécifique : Gabriel Attal va poursuivre la casse sociale

 

Dans un discours prononcé à toute allure, et surtout construit sur la défense des 6 années d’Emmanuel Macron au pouvoir, Gabriel Attal a ciblé les personnes privées d'emploi, « alors que trop de métiers restent à pourvoir en France ». Tout en saluant les ordonnances travail de 2017 et les réformes de l'assurance chômage, le premier ministre affirme vouloir combattre « toutes les trappes à inactivité ».  

 

Il prévoit notamment de s’attaquer à l’allocation de solidarité spécifique, « qui prolonge l’indemnisation du chômage et qui permet de valider des trimestres de retraite. Or la retraite doit toujours rester le fruit du travail. Je proposerai sa suppression. » Un nouveau droit supprimé.

 

Le code du travail bientôt liquidé !

 

Dans son entreprise de casse du code du travail, Attal, en bon macroniste, a promis une nouvelle étape, après l’été, qui prolongera les ordonnances de 2017, aux effets destructeurs socialement. Dans des termes flous, il annonce une « réforme du droit du travail avec un objectif clair : libérer les énergies de nos TPE et PME, simplifier considérablement leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise ».

 

Santé : des annonces qui ne sont pas à la hauteur des besoins du pays et de la crise de notre système de santé

 

Pour résoudre les lourds problèmes d’accès aux soins, le 1er ministre s’en est pris aux patients : « Je souhaite un principe simple : quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye ». Cela permettra de piquer du fric aux usagers sans régler les problèmes des hôpitaux publics saturés et des déserts médicaux ?

 

Le locataire de Matignon a toutefois promis que « chaque département devra être doté d’un service d’accès aux soins, avec des professionnels organisés pour assurer la permanence des soins ». Et, pour trouver du personnel, il nommera « un émissaire, chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France », ceci accompagné de nombreuses régularisations, promet-il. Mais des embauches et des formations nenni !

Attal sur le logement : pas à la hauteur du défi !

 

 « S’il est un secteur qu’il faut déverrouiller, c’est bien le logement », annonce le 1er Ministre qui souhaite créer un « choc d’offre » pour répondre à la crise du logement. Il évoque l’envie de revoir les DPE, accélérer les procédures, simplifier les normes et l’accès à “ma prime renov'”, faciliter la densification, lever les contraintes de zonage.

 

Le gouvernement désignera « dans les deux prochaines semaines », vingt territoires engagés pour le logement, afin d’accélérer les procédures et la création de 30 000 logements. Il parle également de « réquisitions » de bureaux vides. Le sénateur communiste Ian Brossat, s’étonne de voir Attal favorable à la réquisition de bureaux vides, alors qu’ « Il y a quelques jours, Sylvain Maillard, député de la majorité s’opposait à la réquisition des bâtiments vides. » Il propose donc à la majorité de voter sa proposition de loi, relative à l’évolution du droit de réquisitions de biens immobiliers en zone tendue.

 

Parents sanctionnés, création de travaux d'intérêts éducatifs, SNU : Attal fait dans l'autoritarisme !

 

« Réarmement civique », « autorité », le discours vire très à droite. Il vise ainsi les incivilités des plus jeunes, en promettant la création de « travaux d’intérêt éducatif ». Sortes de travaux d’intérêts généraux (TIG), (interdits pour les moins de 15 ans). « Cela fera partie d’une revue de l’échelle des sanctions dans nos établissements scolaires. Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : “tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter”. »  Des TIG qui pourraient s'appliquer aux parents d’enfants responsables de délits au motif que « nous voulons aussi responsabiliser les parents », assure Attal. Une réponse, uniquement autoritaire, jamais sociale, aux révoltes de juin 2023 après la mort du jeune Nahel à Nanterre. Il annonce la généralisation du Service National Universel à la rentrée scolaire 2026. 

 

Climat : toujours dans l'inaction, Attal tape sur les écolos

 

Défendant le mauvais bilan de Macron depuis 2017, Attal s’est positionné comme un opposant aux politiques écologistes. Il veut soutenir une « écologie des solutions », ou « écologie à la française », mais le discours est pauvre et manque d’ambition. « Oui, nous ferons rimer climat avec croissance », a clamé le 1er ministre avant de caricaturer la gauche et les écologistes : « Certains voudraient une écologie de la brutalité. Pour eux, l’écologie doit être punitive, douloureuse, passer par la désignation de boucs émissaires et par la décroissance. La décroissance, c’est la fin de notre modèle social. C’est la pauvreté de masse. Jamais je ne l’accepterai ». Fustigeant comme l’extrême droite une « écologie punitive », il ajoute : « On ne fera pas l’écologie sans le peuple ». Gonflé !

 

Pour l’éducation, aucun moyen ni emploi mais l’uniforme

 

Si Attal rend « ...hommage à nos professeurs qui s’investissent auprès des écoles et donc du pays », aucune annonce n’est faite sur les salaires, les conditions de travail, l’augmentation du nombre de postes. Pour lui « l’école est la mère des batailles », il souhaite donc « réarmer » l’éducation, il poursuit sur les groupes de niveaux, le redoublement sur décision de l’équipe pédagogique, ou l’uniforme qui pourrait être généralisé en 2026, et la régulation des écrans dans et en dehors de l’école. « Réarmer l’école c’est affirmer nos valeurs, on ne négocie pas avec la République on l’accepte sans la moindre exception »

 

Le concret, Attal annonce l’obligation d’un stage de deux semaines pour l’ensemble des élèves de seconde, ainsi qu’une réforme de la formation des professeurs, dont le projet sera proposé au vote d’ici le mois de mars. Il annonce que le gouvernement s’engage à financer l’accompagnement des enfants en situation de handicap sur la pause méridionale, à la place des collectivités. Il se réjouit par ailleurs que les enfants harceleurs quittent l’établissement et non plus les victimes.

 

Un fonds d’urgence pour les viticulteurs

 

Gabriel Attal a promis que « toutes les aides » européennes de la politique agricole commune (PAC) « seront versées sur les comptes bancaires des exploitants d’ici le 15 mars ». Il a annoncé « un fonds d’urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie », ainsi qu’un « grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits » afin de « garantir une concurrence équitable ».

 

Des réactions très critiques

 

  • Le député communiste Fabien Roussel très mécontent, constate « Rien pour les travailleurs, rien pour les agriculteurs, rien pour les services publics, rien pour alléger nos factures. » Il dit avoir entendu « Thatcher ». Entre la suppression de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) et la fin de la loi SRU, obligeant les communes à avoir 25 % de logements sociaux, le député communiste craint de voir « Gabriel Thatcher » tiers-mondiser la France. « C’est le discours d’un premier Ministre, très très à droite », a-t-il affirmé et assure : « Être né en 1989 et prononcer un discours qui sent la naphtaline. Des annonces d’une grande violence sociale pour les plus faibles, au chômage ou au travail. Une feuille de route que nous combattrons à l’Assemblée et dans les luttes. »

 

  • Pour le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Joux, le discours du 1er ministre ne laisse pas transparaître une réelle reconnaissance du travail bien accompli des agriculteurs et dénonce un État qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu. « Je ne suis pas sûr que ce discours suffise à lever les barrages », a-t-il averti.

 

  • Pour le sénateur communiste Ian Brossat : « Gabriel Attal, pas de cap, mais déjà un bilan. »

 

  • Pour Bertrand Pancher député de LIOT « Après la crise des gilets jaunes, celle des retraites, des banlieues, cette mobilisation, c’est encore un appel à changer les modes de décision et une soif de transformation de notre logiciel démocratique », en réaction au discours d'Attal. Il accuse le gouvernement d’être « coupé de la réalité de nos territoires ». Plutôt qu’une politique du « marche ou crève », il appelle le gouvernement à mettre en place une politique qui assure aux Français d’être mieux payés, « mais aussi une justice et un accompagnement social ».
  • Boris Vallaud député socialiste « ... votre projet, c’est celui du président de la République, libéral et conservateur, la cohabitation assumée avec la droite dont vous conduisez désormais la politique », a t-il dénoncé. Plutôt qu’une politique d’austérité, le socialiste a assuré que son parti défend pour sa part « la valeur du travail » et la « France des ronds-points et des sous-préfectures ».

 

  • Pour Sandra Regol députée écologiste, sur la poursuite promise de la casse du droit du travail, ainsi que des réformes autoritaires sanctionnant les jeunes et leurs parents. « Je n’attendais rien et c’est encore pire en termes de guerre aux pauvres, de mépris des classes moyennes en voie de paupérisation, de déni des réalités sociale et environnementale… »

 

Sources : direct TV - BFM TV - Chaîne Sénat - Humanité

Publié dans Politique nationale

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