Lactalis ou l'exemple de ce qu'il faut transformer radicalement dans notre agriculture et le pays

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Comme beaucoup de milliardaires, il se montre très discret. Emmanuel Besnier est le PDF du groupe Lactalis qui a déclenché la colère des agriculteurs. Faisons connaissance avec le groupe qu'il dirige.
 

 

Tout d'abord, il faut savoir que cet homme discret qui parle peu, est très efficace côté accumulation de l'argent puisqu'il est le 6ème homme le plus riche de France. Ainsi à la fin 2023 : sa fortune était estimée à 25 milliards de dollars, en hausse de 70% depuis 2020, soit 10 milliards !

 

La famille se porte bien également puisque son frère et sa sœur sont 16 et 17ème fortune française, avec 9 milliards de dollars chacun. Soit une fortune cumulée de 43 milliards pour toute la famille Besnier. Pour indication, 43 milliards, c’est le revenu d’un éleveur bovin pendant 2 500 000 ans.

 

Cette famille richissime contrôle 100 % du groupe Lactalis qui n'est pas coté en Bourse. Mais Lactalis c'est aussi un groupe qui a la 3ème empreinte carbone de France, avec 15 millions tCO2eq par an.

 

Lactalis c'est quoi, c'est qui ?

 

En 2020, le groupe Lactalis employait environ 85 000 salariés, dans 51 pays, répartis dans 266 sites à travers le monde. C'est un géant de l'agroalimentaire, il est même numéro un français devant le groupe Danone et est présent dans le TOP 10 mondial avec un chiffre d’affaires de 28 milliards en 2022. En progression de 28% ! Un groupe qui ne connaît pas la crise ou a su la dépasser en concentrant, en accumulant, en détruisant ses concurrents, en surexploitant ses salariés et les producteurs de lait et en se restructurant de façon à faire du profit un moyen de régulation ! Il est en capacité de produire 10 camemberts par seconde !

 

Ainsi, en 2022, Lactalis a transformé 22,6 milliards de litres de #lait en fromages, yaourts, beurre, crème... Lactalis, ce sont les marques Lactel, Bridel, Rondelé, Leerdammer. Le groupe fabrique les yaourts et desserts laitiers frais dans 9 pays européens (marques La Laitière, Sveltesse, Flanby…).

 

Lactalis a acquis de nombreuses marques italiennes, comme Galbani, Invernizzi, Cadermartori, Vallelata et Parmalat. Pour Parmalat, il en avait pris le contrôle en 2011 via une OPA hostile, qui avait suscité un vif émoi en Italie et que Rome avait tout fait pour bloquer en vain. Enfin, il faut noter que Lactalis Nestlé Ultra-Frais est une Division du Groupe Lactalis, entreprise familiale française et 1er Groupe Laitier mondial. Cette activité est le fruit d'une joint-venture avec Nestlé sur l'activité ultra-frais avec la production et la commercialisation des yaourts et desserts frais à marque Nestlé en France.

 

C'est un groupe qui récupère l'argent provenant de l'Europe, il a perçu 75 millions de la PAC entre 2002 et 2013 ou de l'optimisation fiscale qui lui a permis de soutirer 220 millions au fisc entre 2013 et 2018 (via une société écran luxembourgeoise).

 

Lactalis a été aussi impliqué dans divers scandales sanitaires* (en 2022) faisant dire à Julien Huck militant CGT : ces «scandales sanitaires ne sont pas les résultats de la faute à pas de chance mais ceux d’une politique délibérée, axée sur une rentabilité à tous crins subie par les consommateurs et les travailleurs».

 

Si les failles en matière de contrôles sanitaires ont été pointées du doigt lors de ces scandales, la CGT a souligné le rôle que les conditions de travail dégradées, ont pu jouer. «Les questions de sécurité alimentaire ne peuvent pas être remises en question par la rentabilité financière», pour Maryse Treton, (Fédération CGT de l’agroalimentaire).


Comment Lactalis accapare les revenus des producteurs de lait ?

 

Les prix alimentaires ne cessent d’augmenter pour le consommateur alors que le revenu des agriculteurs ne cesse de baisser. Où va l’argent ? Qui le récupère et l'accumule ?

 

Les agriculteurs ont la réponse, ils ne s’y trompent pas, tous les jours ils sont confrontés à celui qui leur met la pression pour ne pas augmenter le prix d'achat du litre de lait. C'est pourquoi, les usines de Lactalis sont ciblées dans tout le pays ans, le conflit remonte à début janvier et dure.

 

Pourquoi ? Faute d’accord car très exigeant avec les producteurs de lait, Lactalis a maintenu l’achat du prix du lait de décembre 2023 à 405 euros les 1.000 litres. Les producteurs de lait demandent 440. Ce prix Lactalis est trop bas alors que dans le même temps, toutes leurs charges ont augmenté, mais les négociations sont bloquées depuis des semaines.


Lactalis : le symbole d’un système économique qui broie les agriculteurs


 

Le système agro-alimentaire actuel est inefficace et destructeur : il concentre les richesses entre les mains d’un petit nombre d’acteurs économiques (les groupes de l'agroalimentaire et ceux de la distribution), sacrifie la sécurité alimentaire à des logiques de marché et de profit, et perpétue voire aggrave les #inégalités et leur empreinte carbone et celle de la France.

 

Les prix des matières premières sont beaucoup trop bas, or les prix de l'alimentation n'ont jamais été aussi hauts depuis les années 80. Les géants de l’agroalimentaire ont profité des crises pour accroître leurs marges et leurs profits. (Lire foodwatch France). Ainsi, entre fin 2021 et début 2023, le taux de marge des industries agroalimentaires est passé de 28 à 48 %. Quand les paysans travaillent jusqu'à 70 heures par semaine pour récolter… des dettes qui profitent aux banques avec la pratique de taux d'intérêt insupportables.


De cette situation émerge le besoin de reconnaissance et de sécurisation de la part de la puissance publique et en premier de l'Etat mais aussi de l'Europe avec :

 

  • Le non respect de la loi Egalim dans les négociations commerciales avec les industriels et la grande distribution. La loi devrait interdire l’achat de produits agricoles en dessous de leur prix de revient et exiger le juste prix incluant le coût du travail paysan et les intérêts des banques.

 

  • Réorienter la politique de la PAC pour soutenir davantage les petits producteurs, favoriser leur implantation, et sécuriser les petites exploitations et leurs acteurs en particulier les femmes, et les travailleurs pauvres de l’agro-alimentaire et arrêter de servir les grands groupes qui accumulent et ce faisant aggrave la crise systémique.

 

Sources :

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