Frédéric Sanchez des métaux CGT : Le plan 2030 sert à justifier les processus de casse sociale

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Frédéric Sanchez des métaux CGT :  Le plan 2030 sert à justifier les processus de casse sociale

« Dans l’automobile, l’énergie, l’aéronautique, on restructure », et ce, malgré le plan de relance de 2020, dont l’argent a été « capté par les grands groupes », sans aucune forme de réinvestissement, rappelle le secrétaire générale de la CGT métallurgie. Le plan France 2030, annoncé par Macron, ne devrait pas changer la donne. Entretien.

Quels effets ont eu les 100 milliards d’euros du plan de relance de 2020 et qu’escomptez-vous du nouveau plan d’investissement ?

Frédéric Sanchez : Beaucoup d’argent public s’est déversé, capté par les grands groupes. Ça ne s’est traduit ni en création d’emplois, ni en développement des machines et de la recherche et développement, chez les donneurs d’ordres comme chez les sous-traitants. Dans l’automobile, l’énergie, l’aéronautique, on restructure. Nous avons des inquiétudes pour la sidérurgie… Autant de filières stratégiques. L’après-confinement s’est tout de suite traduit par un retour aux logiques financières d’avant et aux versements de dividendes.

Le devenir des fonderies en France a occupé le devant de la scène en 2020. Comment vont-elles aujourd’hui ?

Frédéric Sanchez : Quatre fonderies ont effectivement conduit des luttes historiques qui ont, pour certaines, mis en échec les projets de casse sociale et préservé l’outil industriel. Malheureusement, MBF, dans le Jura, a fermé. Un projet de reprise d’activité en Scop reste d’actualité, mais l’industrie implique de gros moyens financiers. Aux Fonderies du Poitou, seule demeure l’activité aluminium car la fonte a fermé. Les SAM sont à l’initiative en Aveyron. On veut leur imposer un repreneur espagnol, sans aucune garantie sur l’avenir du bureau d’études. Or, il s’agit du dernier en France. S’il disparaît, c’est l’ensemble des fonderies qui est menacé à terme. Imaginez les répercussions pour toute l’industrie. Quant à la Fonderie de Bretagne, Renault a fermé la porte à une intégration dans le groupe. Le constructeur a donné des garanties de niveau de production, mais aucune pour l’emploi. Les salariés sont toujours porteurs d’un projet d’évolution de l’activité. Mais le gouvernement ne donne pas suite. Le secteur automobile est focalisé sur 2030 et la fin théorique des moteurs thermiques. Nous savons que cette échéance n’est pas tenable, car il faudrait qu’en huit ans soient résolus tous les problèmes de production et d’accès à l’électricité, de fourniture des batteries et de la création d’une filière de recyclage. En revanche, on continue de brandir 2030 pour justifier tous les processus en cours de casse sociale.

Qu’en est-il de la construction aéronautique ?

Frédéric Sanchez : Airbus comme l’ensemble de la filière a touché plusieurs milliards de soutiens publics et pour développer l’« avion du futur ». Tout ça a servi à accélérer la casse sociale. Le secteur a connu un trou d’air. Mais les carnets de commandes étaient pleins, la charge de travail assurée pouvait permettre de créer des emplois. L’inverse s’est passé et nous voyons les savoir-faire partir.

Le plan France 2030 peut-il changer la donne en ciblant des activités clés ?

Frédéric Sanchez : Pour cela, il faudrait avoir de la visibilité sur l’utilisation de ces dizaines de milliards d’euros d’argent public. Ce ne sera pas le cas, ni au niveau de l’État, qui laissera faire les grands groupes, ni au niveau des conseils d’administration des grandes entreprises, où les choix stratégiques se prennent, hors du regard des organisations syndicales. Au contraire, les organisations patronales cherchent à organiser le dumping social avec le projet de convention collective nationale. Voilà pourquoi nous allons manifester sous les fenêtres de l’UIMM (fédération patronale du secteur – NDLR) le 25 novembre. Un bulldozer avance fort face à nous. À nous d’en mettre un face à eux.

Publié dans Social, Industries

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